Osons, par Jean-Marie Mottoul

A l’appel du Seigneur, Abram quitte son pays de Sumer, lieu le plus civilisé sur terre à cette époque, pour un voyage qui n’est pas sans risque et une destination inconnue que Yahvé nomme « terre promise ». Il ose. A l’appel de Yahvé, Moïse va braver le pharaon et lui demander l’impossible : libérer ses frères. Et que penser de Bartimée, aveugle de naissance, qui balaie toute convention sociale et hurle après Jésus pour être guéri ? La prudence est une vertu cardinale. Mais, si elle doit qualifier l’action, elle ne l’empêche pas. Celui qui dort sur son talent est réprouvé parce qu’il a manqué d’audace, qu’il a manqué de foi.

 

Face à la mondialisation, aux innovations techniques révolutionnaires qui s’annoncent, nous pouvons hurler de peur comme les apôtres dans leur barque au milieu de la tempête. Nous pouvons rêver d’un retour nostalgique au monde qu’illustre l’angélus de Millet, d’un repli sur soi qui refait faire surface aux murs de séparation, aux mesures protectionnistes, aux fermetures de frontières. Nous pouvons dénoncer les maux générés par la modernité pour justifier tout refus de l’avenir. Mais ne faut-il pas oser une nouvelle bipédie ? Non plus celle de l’individu qui s’est redressé il y a quelques millions d’années pour voir loin et marquer sa transcendance, mais celle de l’humanité entière qui peut enfin lever le nez du guidon où la poussaient les contraintes de la survie, pour s’interroger sur le sens de son existence. A défaut, d’une réponse, le péril de la victoire des forces mortifères, est grand. Donner un sens en se redressant sans peur pour voir loin vers le futur, pour se mettre en mouvement vers l’objectif qu’elle se fixera.

 

Allons-nous, nous les chrétiens, les enfants d’Abraham et de Moïse, les baptisés dans l’Esprit comme alliés du Seigneur, refuser ce moment d’histoire où par la grâce du Christ, il nous appartient d’adresser ce discours eschatologique sur le monde de demain pour donner du sens à l’humanité et la sauver? Le Pape Jean XXIII était habité de l’audace ; Il a voulu ouvrir les fenêtres pour faire entrer de l’air frais, il s’est émerveillé du monde nouveau et Jean-Paul II a lancé le « N’ayez pas peur » qui devint cri de délivrance.

 

Alors, Seigneur, conforte nous dans la foi, celle qui soulève les montagnes, fais de nous des vainqueurs ; inscrits en étendard sur chacun de nos cœurs, la gloire de ta résurrection. Remets ton église en mouvement pour accompagner ce magnifique développement qui nous conduit vers la terre promise celle où tu règnes sans partage, où ton nom est sanctifié, où ta volonté est faite.

 

Amen

 

Jean-Marie Mottoul

Diacre permanent